Pourquoi la justice restaurative fonctionne-t'elle ?

Toutes les études confondues montrent l'efficacité de la justice restaurative : la satisfaction des participants, la valorisation des plans, puis les effets : baisse des conflits, amélioration des résultats des écoles et instances de justice, soutien des plans à long terme.

Un des principes à la base du succès des pratiques de justice restaurative est que les personnes sont plus heureuses quand leurs supérieurs hiérarchiques agissent AVEC eux au lieu de POUR ou CONTRE eux. Contre eux signifie contrôle et obéissance. Pour eux signifie soutien sans contrôle, sans fermeté. Mais AVEC eux signifie soutien ET contrôle.

Dans la médiation, les cercles de parole et surtout les conférences de justice restaurative où la victime exprime à l'auteur le mal qu'il lui a causé et où elle peut lui poser des questions et demander réparation, un “train d’émotions morales” qui contient des potentialités énormes semble se mettre en marche.
Braithwaite (1989) a lancé le concept de « reintegrative shaming » : ressentir la honte de ce qu’on a fait, dans un environnement qui en même temps tend la main pour la réintégration (contrairement à la « disintegrative shaming », c'est à dire la stigmatisation). Pendant longtemps, cette « réinsertion par la honte » a été considérée comme l’émotion cruciale dans les conférences restauratives. Mais on se rend compte de plus en plus que la dynamique émotionnelle est bien plus riche que cela. Une conférence rassemble probablement les conditions pour une dynamique de plusieurs types d’émotions et de sentiments : la honte, l’empathie, la compassion, les sentiments de culpabilité, l’expérience de soutient et de respect, le désir d’être accepté par les siens, qui tous sont facilités et se déclenchent, et qui peuvent aboutir à des excuses sincères, le désir de réparer et le pardon (Harris, Walgrave et Braithwaite, 2003).

B. Cyrulnik B, dans un entretien accordé au journal Le cercle psy ou www.le-cercle-psy.fr dans son premier numéro été 2012, dit que la honte a joué un rôle dans l'évolution car :

« la honte nous permet de vivre ensemble, de nous côtoyer et de partager les mêmes valeurs, les mêmes préjugés. Si je veux m'intégrer dans un groupe, je dois me soumettre un peu à la pression de la conformité. Le fait d'avoir honte … participe probablement au sentiment d'appartenance qui est un excellent tranquillisant. La honte a un effet socialisant, sécurisant. »

Un dernier élément à souligner est la démocratie radicale qui se trouve à la base et dans les effets des pratiques de justice restaurative. Lors des conférences familiales et de justice restaurative, mais aussi dans les pratiques plus simples, ce sont les personnes impliquées elles mêmes qui décident de leurs problèmes. Ils sont et restent maître de leurs conflits, de leur vie.