Histoire de la justice restaurative
La justice restaurative contemporaine s’inspire des pratiques ancestrales de certains peuples africains, des maoris de Nouvelle Zélande ou encore d’Indiens d’Amérique du Nord. Ces systèmes de justice traditionnelle considèrent généralement que l’agresseur s’est coupé de la société par l’offense qu’il a commise.
Les premières expériences de justice restaurative sont apparues dans l’Ontario en 1975, sous la forme de médiations victimes/auteurs. Un fonctionnaire de probation des mineurs, un Mennonite qui avait discuté avec les membres de sa communauté d'une meilleure façon de réagir aux fautes commises, a convaincu le juge que deux mineurs condamnés pour vandalisme devraient se réunir avec les victimes de leurs délits. Ils avaient vandalisé 22 maisons et ils ont rencontrés tous les propriétaires pour discuter avec eux de la façon dont ils allaient réparer ou dédommager. Cet exemple a été suivi et a montré les possibilités de communication entre victimes et auteurs.
L'évaluation de 1989 par Coates et Gehm a montré que la réconciliation recherchée était le principal souci du tiers des victimes qui apprécient surtout d'être écoutées, d’avoir la possibilité de poser des questions, de pouvoir dire comment elles ont été touchés, de demander réparation, et de voir que l'auteur a des regrets. D'autres évaluations ont suivi celle de 1989 : les victimes qui souhaitent participer le font pour les raisons décrites ici.
Cette pratique s'est développée aux États-Unis et en Europe. D’autres initiatives existent en Australie, en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni et en Belgique. Les conférences de justice réparatrice s’adressent selon les législations aux mineurs comme aux adultes et réunissent un nombre diversifié de participants (amis, référents, institutions…). À ce jour, il y a peu de pays en Europe où la justice réparatrice n'est pas, au minimum, expérimentée.
Les conférences familiales en Nouvelle-Zélande
Les conférences familiales sont apparues en Nouvelle-Zélande au milieu des années 80 ; elles font appel aux techniques traditionnelles maories de règlement des différends avec les jeunes contrevenants. Les familles et les amis de la victime et du délinquant se réunissent sous la direction d’un animateur (un travailleur social) pour discuter de l’événement et de ses conséquences, et arriver à une entente de dédommagement pour assurer la réinsertion sociale du délinquant. Maintenant légalisées dans toute la Nouvelle-Zélande, on lui doit en grande partie l’expansion rapide des conférences en Amérique du Nord et en Europe.
Le praticien chercheur Francis Alföldi écrit à ce propos : « Ceux qu’on appelait encore ‘les sauvages’ aux temps des premiers ethnologues, sont aujourd’hui les transmetteurs d’un savoir qu’il faut bien situer à la pointe de la modernité socio-clinique».
Depuis 1988 la loi prescrit une conférence familiale obligatoire avant qu'un juge d'enfants ne prenne une décision ou ne prononce un jugement Le juge ne décide donc plus jamais sans connaître l'avis de la famille élargie et de la communauté (car en Nouvelle-Zélande des représentants de la communauté participent toujours).
Chaque pays développe les pratiques de justice restaurative adaptées à sa culture.